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« Francofffonies » et diffusion de la langue française dans le monde

En cette période où se tiennent les « Francofffonies » (les trois f ne sont pas une faute de frappe, mais évoquent le « Festival Francophone en France » de mars à octobre 2006), les décideurs et les responsables des politiques française et francophone peuvent-ils apporter, à cinq questions simples, des réponses claires.

 Question n° 1. Comment se fait-il que l’audiovisuel, qui a complètement investi le divertissement, l’information et même la politique, n’a, au mieux, qu’une place anecdotique dans l’éducation en général et dans la diffusion du français en particulier? Au risque de choquer, je ne ferai entrer TV5, ni dans le dispositif de l’éducation (cette chaîne généraliste n’a pas de vocation particulière dans ce domaine), ni même dans celui de la diffusion de la langue française, ce qui peut davantage étonner. Les téléspectateurs qui en regardent les émissions sont déjà, de toute évidence, de réels francophones. TV5 contribue donc sans doute au maintien de la langue française dans le monde, sûrement pas à sa diffusion.

Question n° 2. Pourquoi, dans le  Sud, où se joue l’avenir du français, s’obstine-t-on à investir exclusivement dans une école classique, en crise sinon en ruines, alors que les taux de natalité, son manque de moyens et son inadaptation linguistique et économique en font, à l’évidence, un Tonneau des Danaïdes qu’aucune réforme, si judicieuse qu’elle soit, ne saura pourvoir d’un fond ?

Question n° 3. Ne serait-ce que sur les aides bilatérales et multilatérales à l’éducation comme à l’audiovisuel, ne pourrait-on consacrer 10% ou même seulement 5% des moyens actuels à la recherche de solutions alternatives ou complémentaires et, en particulier, à l’étude et l’expérimentation de modes audiovisuels de diffusion du français efficaces, attirants, adaptés et réellement novateurs ? On peut certes prétendre que la jeunesse africaine n’a que faire du français. Malheureusement pour ceux qui ont la responsabilité de la survie de cette langue, c’est en partie de plus en plus vrai. Chez les intellectuels et les jeunes, l’orientation vers l’anglais devient dominante et il suffit de voir dans quelles universités vont désormais les meilleurs étudiants africains. Pour l’immense majorité des citoyens, qui n’ont pas de compétence en français, que cette langue ou l’anglais domine dans le pays est une question purement rhétorique !

Question n° 4. La diffusion effective du français, dans un espace audiovisuel qui ménage réellement la place et le rôle des autres langues et cultures, n’est-elle pas le seul moyen de faire réellement exister la « diversité des cultures et des langues », dont le principe est unanimement admis depuis la déclaration de l’UNESCO de 2005 ? L’espace audiovisuel, en instituant une forme de gestion souple et raisonnée de cette diversité (comme le symbolise le DVD plurilingue) est le seul moyen d’offrir, en même temps et dans le même lieu, une place et une fonction à chacune de ces langues et de ces cultures.

Question n° 5. De telles « conversions » ne sont-elles pas les plus urgentes, les plus indispensables, les plus riches de perspectives et surtout les moins coûteuses de toutes celles qu’on pourrait envisager ?

Est-on prêt à examiner des propositions en ce sens ?