Créations

Ainsi vont les choses quand elles vont libres…

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Illustration : “Once Unsure”, Kyra Rice

 En-jeu

 

Une fleur jaune ivre de soleil et cette chanson

 « Un pauvre papillon

tra la la

 Que l’éclat attira

Au contact de mes pétales

Sa robe il brûle

S’en alla

Noir et honteux

Le prétentieux

Si peu cher payé son affront… »

 

La jeune fleur d’orgueil fifre le long

 « Un pôoovre papillon

traaa la la

Cette fois-là l’exhala héla

Mes senteurs le dédale

Et il s’y emmêle

Ailes liées à mes pieds s’écrasa

Allé tout son précieux

Le fol audacieux

La chute seule en rançon… »

 

Puis ce jour qu’elle était encore à dire aux jointures d‘or le pire ! La belle à elle voit venir la garde Non point lyres en parade Mais les ensifères casques à corne Armure noire musique militaire Un saccage sans bornes

Ah si peu d’accroc au beau !

En mission l’escadron pour untel oppresseur

 Mandibules au vent allant

Au sort trois coups deux ahans…

et puis plus de fleur…

*

 

Dis bois ! Prends de la hauteur et dis ! Dis autant que tu veux

Mais vois bientôt les faucheurs… Ils travaillent pour le feu

 

 

 

Énigme

 

 

Il s’en écrit des histoires fines Toutes de mystères pareillement passionnantes à révéler Mais si banale celle-là que pour la raconter seul moi Mes insomnies d’épines

*

 

Le mitan d’âge bien planté maintenant sans qu’une seule ronce dans la mine y ait fait son cancan une certaine Princesse que m’a-t-on rapporté un anonyme transport menait au dehors… en son palais au pont tous les jours à rêvasser un seul mot n’avait dit encor

Pas un souffle ni un son! Dits de voix blême ? Né-nni ! Même que rien n’y fit qu’on ourdisse les plus savantes magies. Foin des potions des à n’en plus finir exercices en stances Cette Princesse belle prisonnière en son silence ailleurs définitivement semblait à errer ! Point tel qu’en la forteresse où nul ne venait jamais on voulait désespérer

Mais jamais à guerre lasse le Roi son père qui opte fissa de nouer de feu de sang ou même de soie salive à celle qui jamais de mue n’opéra Et lui faire ainsi voie d’artifice une voix

Aussi alla-t-on bientôt au tout venant portes ouvertes quérir à la cour moult maîtres en superbes œuvres L’araignée qui la lui livra de son velours Les volcans et ils brassèrent une pluie d’astres Tous et tant… le colibri enfin qui en tissa une fluette… Ah ! Tant et tant vous dis-je de charmes que bouda la muette

Un jeune berger alors et on voit qu’elle soupire si fort…

 

 

 

Ohé osé !

 

 

Écrire ceci déliera-t-il cela ? Le liseron lisant petit discours à maquiller la bauge Lié l’hibiscus un crucifix de gemmes rouges S’y étant crus en sécurité ces seigneurs-là

Tout en laiton d’humanisme et frivolité repus Un sang trop long à taire Une mystification trop terre-à-terre Il était une fois de la prétention et les fesses nues.

Il était une fois allaiter la bêtise Il était une fois aller à l’église en plein midi Et avant qu’on n’en soit une fois à plier valises… Goûtez ma voix rouge que je dis

*

 

Un nain très matin à essayer des robes de géants…

103 robes ! Pas une seule en moins. 103 et jusqu’à à user le séant !

 

Il voulait dit-on ce chicon chevaucher l’accoucheuse

 

« Heeeey Naiiiinnn !… » Hennit l’Afrique :

 « Aucune de ces robes n’est à ta démesure… »

 

 

 

L’invention de l’Homme

 

 

Si tout d’un coup d’un seul l’oiseau se sentit lourd

C’était qu’en ce moment même l’esclave le regardait…

 

Oui ! Pareil à ce qu’il en a été toujours

 Entre ces deux races-là

Le second chargeait en silence

Les ailes du premier

En flux tendu en flux de lancinance

En flux à en mourir et de je ne saurais trop comment vous l’expliquer…

Et pendant qu’il lui en foutait ainsi

Plein chacune de ses plumes roussies

Se tissait lui-même libre 

Une âme fibre après fibre après fibre après fibre…

 

L’oiseau comprit

Fit le si grand effort

Au vent les ouvrit

Le sol laissa là alors…

 

Quelque chose tomba… dont se détacha une autre. Immense !

 Plein se bousculèrent fugaces et l’ensemble réalisa un grand geste pieux L’univers plissa le front Les volcans clignèrent des yeux Tous les lions de toutes les danses immobilisées rugirent à l’unisson Les sexes bègues acquirent pour un unique instant de hoqueter plus loin que cascades plus loin que jamais antan un envol de ventres ronds Puis de nouveau acquiescèrent les choses un consensus clos dont l’écho encore rend l’âme une fosse La lune qui vacille un moment les signes ailés charroi des dires de force à s’ébrouer rageusement et jusqu’à désert de leur sang de phénix… Pendant que les girafes faisaient une révérence pieds d’X la brise même se constituait plus chatouilleuse Et tout je dis bien TOUT ô basculeuse se trouva gros de ce que par la voie des yeux – des yeux seulement – les esclaves mettent dans l’en-vol des oiseaux Voilà comment depuis toujours les ailés ces héros avec les esclaves font somme pour inventer l’Homme

 

 

 

Éclipse

 

 

Un luxe de lueurs pliées le jour suppliant un vieil homme sa lyre qu’il pince tendrement… Balançant « rêver » l’écriture gracile raide ti- bonhomme en fil membres rabougris alentours du clair grignoté d’ombres Son tout « aimer » ainsi à tanguer une voix nue Bonhomme de fil de fer aux menottes de mots sombres… Le vieil homme sa lyre à la plainte ténue que rien mieux que lui ne sait pincer…

Quand tocsin ! Le jour agonisant ses odeurs qui dégringolent font des saints Tourbe d’humeurs rumeurs de salive gloriole de jeunes gens Tout déchiré d’une salve de fouet cinglant !

Leurre d’homme d’âge ? Déclic quatre trois deux son triste ramage A mener ses derniers instants à l’ossuaire des heures Tire un dernier « pleurer » de sa lyre… Les épaves fauves d’une vie foin d’aune Et le clair à mélanger ce qui lui reste de jaune sa lie d’or la plus belle partie de son sang au sang rouge d’une terre s’inclinant…

 

 

 

Nu

 

 

Un oiseau à épeler sa veste plumes une à une jusqu’à dernière épuisait leste les heures de quelque journée printanière Quand il finissait de se constituer son nom entier recommençait cette fantaisie à l’envers… Une façon en mots et en couleurs d’aller à un déshabillement complet De rouge d’abord puis de blanc ainsi de suite et jusqu’au vert…

 

Passe un lézard lors qu’il est au violet L’autre point autant fier de son propre costume laid de tant de soins tient au volatile une critique sans fards

Puis ajoutant aux mots ce geste ô combien fou le reptant qui tend le cou vers l’oison jette sa bave qu’il veut poison

 

Beige fluo craie le crachat mâlement orangé grisâtre ! Difficile n’est-ce pas de faire nom à cette étrange poix Cependant chatoie y modère l’âcre Cause qu’il ne fait que donner à l’aloi

 

 « Rouge blanc… violet vert… roux sucre, rose… Colibri suis bien Colibri

Oranger, beige fluo, bleu, craie maintenant Colibri beau Colibri »