« Viens Arbre
Viens
Sous les cieux de mes mains
Tu n’es pas orphelin »
Michel Khalil Hélayel– juillet 2019
SOUS LE CIEL DE TES MAINS
Murmures dans les arbres
Les rêves de la forêt
Sous le ciel de tes mains
Se rassemblent pour le même voyage.
Tissage d’argile et de feu
Dans le manteau que tu poses sur mes épaules
Mon corps s’enroule de la tête aux pieds
Pour le reste de la nuit.
Avec le rossignol de ton poème
Caché au creux de mes bras
J’attends
Le fruit rond de ta lumière.
Quand il s’approche de vous
en cachant ses plaies
Vous lui parlez des trésors de la poésie ?
C’est très beau !
Mais lui, il souffre.
Chaque fois qu’il prend le train
Il saute en route, avant l’Arrivée.
La ligne droite
la destination fixée
le font mourir à petit feu.
Chaque fois qu’il prend le train
sur le quai du Départ
il se contraint
à être un voyageur comme les autres.
Du train en marche
il saute en route
Sans savoir où
Il cherche sa ligne intérieure
restée bloquée quelque part
Qui l’attend.
Quand il marche dans les rues
Il s’aperçoit qu’il rencontre d’autres trains
…. qu’il choisit d’ignorer.
Son pas solitaire retourne à la nuit.
Pourtant, à travers la nuit
Il regarde les humains dans les yeux.
Ciel bleu
Plages dorées
Visages radieux
Tu m’invites
A vivre « ici et maintenant »
J’ai peur de ne pas savoir
Goûter ton ciel bleu
Ton sable blanc
Ton insouciance.
Entre deux rivages lointains
Un cri déchire le silence glacial
D’autres cris racontent la même détresse.
Il ne reste que des sanglots
Disparus au fond de la mer.
Un cri, un appel.
Nul ne lui prête attention
Ce n’est qu’un cri lointain, sans visage.
Plus tard
Quand la roue aura tourné, imprévisible
Nul ne l’entendra
Le cri du naufrage
Celui que peut-être nous vivrons
A notre tour
Demain.
Il m’est doux
De recevoir votre présence dans la rencontre
Plus encore, il m’est précieux
De fuir l’instinct de propriété
Qui se cache en vous.
Dans la nuit qui approche
Il vous regarde
Avec son œil d’aigle
Il vous écoute
Avec son oreille coquillage
Il capte votre langage,
Chacun de vos frémissements intérieurs
Sans perdre une seule
des connexions à l’univers
Qui l’ont fait naître.
Jour et nuit
Il travaille
Il a traqué en lui la terreur
Son ennemi intérieur
Si fort
Que la peur
Longtemps plus tard
A laissé refleurir
L’arbre de la paix.
A minuit, il travaille encore
Loin de vous.
Il nage en forêts profondes
Aucun fil d’Ariane
Ne l’assure.
Il nage
Dans les eaux tourmentées du fleuve
Avec le fil invisible de ses ancêtres
Les jours de grande lumière
Son poème devient souriant
Mais lui, il garde les yeux fermés
Il se tient à distance
Depuis longtemps
Il refuse d’être le jouet des autres
L’ennui ne l’ennuie pas
La vie, la mort
L’absence ne l’ennuie pas.
Il ne pense plus
Aux trains qu’il a laissés partir sans lui
Les jours de joie au jardin
Si l’océan du ciel déborde sous ses pas,
Il n’est pas seul.
Les lignes intérieures s’entremêlent
Quelque part, un ange court à travers la forêt
Dans l’odeur des pommes de pin.
Tout près du cœur, son poème s’embrouille
Soleil noir métissé.
Jour de grâce
Couleurs réconciliées.
En territoires inconnus
On peut mourir
En faisant un pas de plus
Dans la mort
Il est chez lui
Il n’a pas besoin de vivre encore
Il écrit
Avec son amour
Qui traverse
Les murs de la haine
Et tous les murs de la Terre.
Offrande
Nager, plonger
Reprendre souffle
Prenant appui sur ton épaule
Fleur d’eau
c’est l’offrande
Ephémère, elle disparaît
jetées aux vents
pétales retombées en pluie
Mourir et renaître
Sur les ailes de la lumière.
Au fond du fond
Le mouvement vital vient du ventre.
Nager, plonger
Reprendre souffle
Tu me donnes ton regard
Ton épaule
Où prendre appui.
C’est ton offrande.
CONVERSATIONS PAYSAGERES – Suite – Septembre 2019