Chroniques Comptes-rendus

45ème Festival de Piano – La Roque d’Anthéron – Alexandre Kantorow – Liya Pétrova – Lawrence Foster et l’Orchestre Philarmonique de Marseille

 

C’est la deuxième soirée avec orchestre du Festival, et avec Lawrence Foster à la direction, nous sommes rassurés à l’avance : c’est un vrai chef, qui dirige parfaitement un bel orchestre, produisant de la vraie belle musique.

En 2024 il nous avait enchanté avec le prodige japonais : Misaya Kamei.

En 2025, la question est de savoir quel sera le niveau de connivence avec Alexandre Kantorow ?

Mais la réponse devra attendre, car le concert débute avec Liya Petrova au violon, dans une belle composition de R. Vaughan Williams, « l’Ascension de l’Alouette » (the Lark Ascending).

Assez peu jouée, cette composition agréable mériterait de l’être plus souvent.

Liya Petrova prend vite l’ascendant sur le public, délicatement accompagnée par l’orchestre, aussi brillant dans la douceur que dans la puissance.

La violoniste nous fait rapidement décoller, et nous amène dans une vraie promenade céleste. C’est sobre, et c’est beau !

La communion se fait tout de suite entre l’artiste, l’orchestre et le public.

Ensuite Alexandre Kantorow, qui a déjà son public, interprète le 1er concerto de Brahms.

Ce n’est pas le concerto le plus facile, mais Kantorow le joue avec classe et sobriété, quelques gestes des bras venant souligner des phases plus spectaculaires.

Lawrence Foster montre toute l’étendue de son talent, dirigeant son orchestre avec doigté pour mettre en valeur le jeu du pianiste.

C’est un vrai régal !

Avant l’entracte, Kantorow et Petrova nous offrent en bis la sonate en mi bémol majeur opus 18 de Richard Strauss.

La connivence, l’habitude de jouer ensemble de ces 2 grands artistes, sont immédiatement perceptibles. Leur jeu est parfait, de grandes vibrations traversent le public.

Une grande ovation conclut leur prestation.

Après un long, trop long, entracte, l’Orchestre seul attaque la 8ème Symphonie de Dvorak.

Lawrence Foster dirige de main de maître un orchestre parfaitement rodé, où chacun est à sa place et à son meilleur niveau. Quelle différence avec la prestation du premier soir

(Orchestre de Chambre de Paris dirigé par Maxim Emelyanichev) !

Nous avons le sentiment d’écouter de la vraie musique classique de qualité, celle qui nous ravit et nous ramène tous les ans à La Roque d’Anthéron.

Un seul regret pour cette soirée, que la 8ème de Dvorak n’ait pas été remplacée par la 9ème,

Moins monotone, beaucoup plus contrastée et riche de grands airs connus, plus aptes à satisfaire le public mélomane.

Vaughan Williams : The Lark Ascending pour violon et orchestre
Brahms : Concerto pour piano et orchestre n°1 en ré mineur opus 15
Dvorák : Symphonie n°8 en sol majeur opus 88

Bis du concert :
R. Strauss : Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur opus 18 : II. Improvisation

 Un mot pour saluer la qualité de l’organisation du Festival.

En connaissance de cause, je ne peux qu’être admiratif devant la capacité de cette petite commune de 5500 habitants, aux moyens forcément limités, pour organiser un festival de cette dimension, même avec l’aide du Conseil Général des Bouches du Rhône, et de quelques sponsors.

Vu les difficultés pour boucler un budget, on comprend mieux pourquoi on retrouve au programme de plus en plus de jeunes pianistes, et moins de concerts avec orchestre.

Il faut à tout prix comprimer les dépenses.

Mais le résultat reste remarquable, nous faisons des vœux pour que cette manifestation se poursuive dans les prochaines années dans le même format.

Nous ne quitterons pas La Roque sans parler logistique :

-le Restaurant le Jas qui offre tous les soirs un menu festival d’un haut niveau gustatif

-la Villa des Muses où Nicole nous héberge tous les ans avec son sourire et sa bonne humeur