Du 26 au 28 septembre 2018 a eu lieu à Orléans la création d’un Parlement des écrivaines francophones réunissant plus d’une soixantaine de femmes venues des cinq continents. L ‘objectif de ce Parlement est d’abord de permettre faire entendre la parole des femmes Fondé à l’initiative de l’écrivaine tunisienne Fawzia Zouari et soutenu par l’Organisation internationale de la francophonie, ce Parlement s’est soldé par un manifeste résumant les enjeux évoqués. Des commissions étaient prévues sur des sujets tels que éducation, environnement, guerre, immigration, corps, qui ont suscité des débats passionnés. Le but de ce Parlement est d’offrir un lieu de rassemblement et de faire entendre une voix collective qui tient compte toutefois des disparités de situations que connaissent les écrivaines. Cette disparité était aussi rendue audible par les divers accents qui se révélaient au cours des interventions : le français revendiqué comme expression de cette voix collective est un français pluriel, accordé aux tonalités et usages particuliers de chacune. Un manifeste est issu de cette première rencontre, intitulé « Liberté, égalité, Féminité ». Un ouvrage collectif devrait paraître au printemps réunissant des textes à propos de l’environnement.
Voici le début du manifeste : « Nous, écrivaines francophones, réunies ce 28 septembre à Orléans pour notre première session parlementaire, avons décidé de parler ensemble, d’une seule voix et dans la même langue. Parce que nous sommes souvent questionnées et que nous n’arrivons pas à répondre, parce que d’autres parlent à notre place, parce que nous avons envie d’être écoutées, sur nous-mêmes, sur notre propre sort, sur le monde où nous vivons et qui n’est pas si tendre avec nous. Nous voulons sortir du silence, et puisque nous disposons du pouvoir des mots, nous nous arrogeons cette parole collective et ce droit de regard sur une histoire qui continue de se faire sans nous. »
La liste des participantes ci-jointe montre bien que l’ensemble des Mondes francophones était représenté. On constatera, notamment, que Québec et Haïti y ont bien leur place, aux côtés des écrivaines des autres continents. Les écrivaines invitées du Québec étaient Nassira Belloula, Lise Gauvin, Madeleine Monette et Audrey Wilhemy.
J’en retiens pour ma part un lieu exceptionnel de sororité à travers des expériences culturelles fort différentes et la promesse d’un dialogue fécond sur les enjeux du monde contemporain qui fera entendre la voix des femmes au cours des prochaines années, cette voix plurielle trop souvent oubliée ou reléguée au second plan.
Les signataires : Marie-Rose Abomo-Maurin, Maram Al-Massri, Marie-José Alie-Monthieux, Ysiaka Anam, Dalila Azzi Messabih, Safiatou Ba, Linda Maria Baros, Emna Bel Haj Yahia, Nassira Belloula, Maïssa Bey, Lila Benzaza, Lamia Berrada-Berca, Sophie Bessis, Tanella Boni, Hemley Boum, Dora Carpenter-Latiri, Nadia Chafik, Chahla Chafiq, Sonia Chamkhi, Miniya Chatterji, Aya Cissoko, Catherine Cusset, Geneviève Damas, Zakiya Daoud, Bettina de Cosnac, Nafissatou Dia Diouf, Eva Doumbia, Suzanne Dracius, Alicia Dujovne Ortiz, Sedef Ecer, Charline Effah, Lise Gauvin, Laurence Gavron, Khadi Hane, Flore Hazoumé, Monique Ilboudo, Françoise James Ousénié, Fabienne Kanor, Fatoumata Keïta, Liliana Lazar, Sylvie Le Clech, Catherine Le Pelletier, Tchisseka Lobelt, Kettly Mars, Marie-Sœurette Mathieu, Madeleine Monette, Hala Moughanie, Cécile Oumhani, Emeline Pierre, Gisèle Pineau, Emmelie Prophète, Michèle Rakotoson, Edith Serotte, Leïla Slimani, Aminata Sow Fall, Elizabeth Tchoungui, Audrée Wilhelmy, Hyam Yared, Olfa Youssef, Fawzia Zouari.
Pour le texte du Manifeste :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/28/manifeste-du-parlement-des-ecrivaines-francophones-liberte-egalite–