Créations

Des dissidents (I)

es-tu vraiment surpris(e)
quand ton réveil
sonne

l’heure ?

tu t’en vas
et je demeure
seul
persuadé
que tu ne vas pas ailleurs
c’est toi qui

dissides
alors à tout à l’heure
je réfléchissais
pendant que tu étais allée nous cueillir
des pommes
pourvu que le temps passe
comme il résonne
à tout allure

on entend parler des charmes
de la lévitation
peut-être après tout que c’est moi
qui aime créer la rupture
avec le sol
ils sont très loin devant nous et les hommes
et les œuvres
au-dessus
de nos bassesses
centimentales

tu ne peux pas conduire cette
bagnole
tu devrais réduire
ta vitesse

étrécir les yeux
voilà une belle ex-
pression
du seul fait
qu’on enlève
qu’on la déboutonne
électriquement
(d’)une lettre
à notre habitude sonore et visuelle

amplifier le sphinx
en montant le menton
la question
pour débutants
de savoir si le temps
est une quatrième
dimension
au même
titre
que les trois
premières
est
absurde

dans la situation
de la cité intérieure
je ne mettrai pas ma main à couper
ni au feu
ni autre chose d’ailleurs
pas même
une feuille
parce
que
la vérité
n’a plus droit de cité
de citer personne
m’est advenue

j’additionne les alt-
ercations
sur Madison
Avenue
(souhaitant
m’en
tenir
à
ma parole
j’atterris
sur Bourbon
St
au Carré
là où
mon nom
est
personne)
je suis un
jockey
du
diable
du
Country Club
pour lui faire
avaler
sa langue
ou
un chevalet
je place tous mes espoirs sur la
haute couture
rédaction de ce journal
de campagne
contre et pour
l’indifférence
notable

j’aimerais que ma poésie
participe à l’économie
du libre
voyez-vous ce que je veux
dire
délivrer ?