Créations

Querelle de la Transparence et de la Matière

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Mathieu dit que la Transparence conçue de la sorte – une visée de lumière entre deux apparitions – est la vraie “quatrième dimension”. Elle précéderait donc le Temps. Les œuvres récentes de Sylvie Séma ont d’abord été tentées par cette aventure : de lire à travers des matières superposées, d’une face à l’autre de la toile, – mais elles ont résisté aux attraits d’une telle lumière partagée. Elles ont heureusement résisté, pour le plaisir de la Substance immémoriale, qui s’établit, en fin ou en commencement, et qui résume et comprend Tout. La Matière gagne parfaitement.

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Les plages de couleur ont ainsi conquis leur autonomie, elles vivent par elles-mêmes, le Bleu qui brûle dans ses fonds, le Rouge cardé de vieux bonheurs, les Jaunes qui fuient comme des fleuves. Le Vert, lui, très ironiquement domine. C’est le Commencement de l’Autre, à la fois trouble et évident. La forme, les formes, ne se hasardent qu’avec des précautions, follement audacieuses, dans une telle opacité. Elles le font sous l’apparence de lignages tranchants et pudiques en même temps, et elles tentent alors de réveiller la Transparence, à laquelle il avait fallu en premier lieu renoncer.

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Et elle en effet, cette Transparence, une fois encore s’énonce. Non plus derrière la lumière, mais dans l’évanescence savante de tels diamants d’obscurité. Les tableaux que voici de Sylvie Séma esquissent des objets de doute et d’inquisition, lancés en équilibre vertigineux dans les certitudes de la Substance, qui s’étalent autour d’eux comme des Couchants infinis. Une seule Stèle est restée, des anciens surgissements. Mais elle était déjà d’abîme. A côté, un dessin noueux grandit, noircit l’espace : il soutient ces élévations.

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Tableaux : Sylvie Séma