Monsieur du rat, au seuil de son terrier assis,
Se délectait d’un bain de soleil au petit matin.
Le grand loup qui pour de vieilles chairs n’avait plus d’appétit
S’approcha avec l’intention d’assouvir sa faim.
« Je vous salut monsieur du rat :
Que vous êtes petit ! Que vous me semblez sans défense!
Croyez moi, si votre maigreur sur votre descendance
Devait se perpétuer sur forme d’héritage,
Vous seriez bientôt l’espèce la plus vulnérable de ces bois. »
A ces mots, le rat ne peut contenir son émotion
Et demande conseil à son hôte dont on dit érudit en phytothérapie.
Celui-ci de son sac sort un mélange de poudre de maïs et de piment
Que le rat doit brûler dans son terrier pour stimuler la croissance de ses ratons :
« Tenez, j’ai ici ce qu’il vous faut
Pour que votre postérité ne souffre point de ce défaut ! »
Tout heureux, le rat à une vitesse éclaire s’enfonce dans son terrier,
Et la seconde d’après toute sa maisonnée est dehors,
Extirpée du terrier par la fumée suffocante de la poudre de maïs pimentée.
Le loup peut alors se servir à volonté, sur le regard impuissant du rat et de la rate.
Et face aux lamentations incessantes de ses victimes il leur dit : « Mes chers amis
Apprenez que l’ignorance est la pire des maladies de notre siècle !
Cette leçon vaut bien un déjeuner, n’est-ce pas ? »
Le rat, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.