Mondes caribéens

Qui était vraiment René Maran, le premier Goncourt Noir ?

René Maran, 1887-1960

Le 14 décembre 1921, l’Académie Goncourt a couronné un jeune écrivain de 34 ans, René Maran, pour son roman Batouala. Au cinquième tour de scrutin ne restaient plus en lice que L’Épithalame de Jacques Chardonne et Batouala. Avec cinq voix contre cinq les deux romans étaient à égalité. Le second l’a emporté grâce à la voix prépondérante du président Gustave Geoffroy. Les autres candidats de cette année-là n’ont guère marqué l’histoire littéraire, à l’exception de Pierre Mac-Orlan qui concourrait avec La Cavalière d’Elsa. Comme le nom l’indique, Batouala est un roman africain. Par contre le nom de l’auteur ne révèle pas qu’il s’agit d’un noir, « le premier Goncourt noir ».

René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui menait ses parents d’origine guyanaise à Fort-de-France. Comme c’est là où sa naissance a été enregistrée, on le présente souvent comme un écrivain de Martinique. En réalité, il n’est resté sur cette île que les trois premières années de sa vie, avant de déménager avec sa famille au Gabon où son père devait poursuivre sa carrière d’administrateur colonial. Il est resté peu de temps là aussi puisque, dès l’âge de sept ans, on le retrouve pensionnaire au petit lycée de Talence, en Gironde. Il connut ainsi la jeunesse mélancolique des enfants de coloniaux, des quasi-orphelins qui n’avaient droit à la présence de leurs parents que pendant un semestre tous les trois ans, au rythme des congés administratifs…

C’est au grand lycée de Bordeaux, en classe de seconde, que se confirma sa vocation littéraire grâce à la rencontre avec son professeur de lettres, Monsieur Lambinet, auquel il devait prodiguer des témoignages de fidélité tout au long de son existence. On demeure rêveur quand on découvre dans l’éloge funèbre de Lambinet rédigé par Maran que ce dernier se montre particulièrement reconnaissant à son maître de lui avoir révélé ces deux chefs d’œuvre (?) de la poésie française que sont « La cithare » de Théodore de Banville et « Les bœufs » de Louis Mercier ! On est moins surpris, cependant, par ce parti esthétique, après avoir pris connaissance des quelques vers de Maran qui furent salués comme « les plus réussis » dans le discours qui l’intronisait, en 1953, à « l’Académie internationale de la culture » (de Bruxelles).

Mère,

 

Une maman, c’est le sourire du bonheur,

Fait d’esprit et de chair épanouis en fleur ;

C’est la pure amitié que jamais rien n’altère ;

C’est le chagrin qui sait se contraindre et se taire ;

C’est le regard perdu sur le proche avenir

De l’enfant qui s’est trop dépêché de grandir ;

C’est l’humble et pauvre cœur toujours prêt aux alarmes ;

Dont la joie a souvent un goût de vielles larmes ;

C’est, enfin, le pardon qui semble s’excuser

Et qui se cache sous la forme d’un baiser.

Reçu bachelier en 1906, Maran fut étudiant à Paris. On sait qu’il a joué au rugby au Stade français dans la même équipe qu’un autre Guyanais célèbre, Félix Éboué, futur haut-fonctionnaire colonial qui organisera la Résistance gaulliste en Afrique Équatoriale Française (AEF). En 1909 Maran entrera lui aussi dans l’administration coloniale, juste après avoir publié un premier recueil de poèmes, La Maison du bonheur. Il est nommé « commis de 4ème classe des affaires indigènes » à Bangui, où il retrouve son père, Léon Herménégilde Maran, pour peu de temps puisque Léon Maran prendra sa retraite six mois plus tard et regagnera la maison familiale à Bordeaux. René Maran ne semble pas avoir été un fonctionnaire très zélé. Pour tromper son ennui, il se lance en 1912 dans l’écriture du roman qui, dix ans plus tard, lui vaudra la récompense suprême. Bien que bénéficiant de la double solde du fonctionnaire colonial, il se plaint de manquer d’argent car, après la mort de son père qui survint dès 1911, il soutient financièrement sa mère et ses plus jeunes frères.

René Maran ne marcha pas très longtemps sur les traces de son père. Il interrompit sa carrière coloniale à la fin de 1924, avec le grade d’« adjoint principal de 3ème classe des services civils ». Se considérant persécuté par son administration en raison des positions qu’il avait prises dans Batouala, il jugea préférable de s’installer à Paris et de se consacrer à plein temps à la carrière littéraire.

Maran fit alors l’apprentissage de l’existence pas toujours facile d’un écrivain qui doit vivre seulement de sa plume. En 1927 il avait épousé une demoiselle Camille Berthelot, née en 1894. De milieu modeste, si elle fut une épouse aimante et dévouée, elle ne pouvait pas l’aider à résoudre ses problèmes financiers. Elle survécut dix-sept ans à son mari – lui-même décédé le 9 mai 1960 -, grâce aux secours de divers amis du couple, en particulier le Président Senghor qui a désigné en Maran « le précurseur de la négritude en francophonie ».

Batouala, véritable roman nègre

Batouala, véritable roman nègre

Si Batouala a pu faire scandale lors de sa parution, c’est surtout en raison de quelques passages de la préface dans lesquels l’auteur brosse un portrait au vitriol de ses collègues : « La vie coloniale… avilit peu à peu. Rares sont, même parmi les fonctionnaires, les coloniaux qui cultivent leur esprit. Ils n’ont pas la force de résister à l’ambiance. On s’habitue à l’alcool… Ces excès et d’autres, ignobles, conduisent ceux qui y excellent à la veulerie la plus abjecte… » Le roman lui-même est plus équilibré. Si les blancs n’y sont pas gâtés, les noirs ne le sont guère non plus. Le livre vaut surtout par la peinture de deux mondes dont les valeurs sont si éloignées qu’ils ne peuvent pas se comprendre.

Dès lors, si Batouala a un rapport avec le mouvement ultérieur de la Négritude, c’est sans doute parce que l’empathie de l’auteur est telle qu’il nous montre la mentalité africaine comme de l’intérieur. Le début, en particulier, est saisissant : nous sommes Batouala, ce vieux chef aux neuf épouses qui vit fièrement sa vie de nègre, la même que celle de ces ancêtres, et qui ratiocine contre les mœurs à ses yeux totalement exotiques des blancs. Batouala est un roman « naturaliste » au sens où il « naturalise » les Africains. Il les présente comme des êtres de sensation bien plus que de réflexion. Et l’on ne peut manquer, en le lisant, de se remémorer l’aphorisme de Senghor : l’émotion est nègre, la raison hellène.

L’incompatibilité entre les noirs et les blancs se noue autour de la valeur du travail. Si le nègre n’est pas fainéant, selon Maran, il revendique le droit à la paresse (p. 21 de l’éd. définitive).

« On vivait heureux, jadis, avant la venue des ‘boundjous’. Travailler peu, et pour soi, manger, boire et dormir ; de loin en loin, des palabres sanglantes où l’on arrachait le foie des morts pour manger leur courage et se l’incorporer – tels étaient les seuls travaux des noirs, jadis, avant la venue des blancs. À présent, les nègres n’étaient plus que des esclaves… » (p. 98).

Écrit dans une prose qui est celle des auteurs populaires de l’époque, proche des romans d’aventures, Batouala mérite d’être lu encore aujourd’hui. Il nous enseigne l’altérité. Et s’il risque de conforter un certain nombre de lecteurs dans l’idée que la culture africaine, décidément, n’est pas propice au développement, il n’est pas interdit de penser que telle était déjà la conviction de René Maran.

L’œuvre publique de Maran est abondante. Elle comprend, outre les romans comme Batouala, des œuvres pour la jeunesse (M’Bala l’éléphant, Djouma chien de brousse, etc.), des récits historiques, des recueils de poèmes, des romans pour adultes, des essais, une autobiographie (Un Homme pareil aux autres, 1947). A côté, se développe une œuvre de propagandiste de l’entreprise coloniale, pas toujours facile à repérer car publiée sous le couvert de l’anonymat. À partir de 1937, en effet, Maran fut stipendié par le « Service intercolonial » pour rédiger des articles qui étaient ensuite adressés gracieusement aux journaux. Ce travail pour le compte du ministère français des Colonies se poursuivit au moins pendant une partie de la période de l’occupation. Maran s’est défendu d’avoir été un collaborateur. Il a pourtant reçu en 1942 le prix Broquette-Gonin de l’Académie française, destiné à récompenser des auteurs remarquables par leurs « qualités morales ». Contrairement à son ami Félix Éboué qui servait le général de Gaulle au Tchad, Maran a condamné le recrutement d’une armée d’Afrique, en arguant que les colonisés étaient faits pour être protégés par leurs maîtres et non l’inverse. Ajoutons que, en 1949, par décision de Cornut-Gentille, Haut-commissaire de l’AEF, Maran s’est vu octroyer une allocation viagère annuelle de 100.000 F, en témoignage de « reconnaissance pour l’œuvre littéraire (qu’il avait) consacrée (à l’AEF) » (pension qui lui fut supprimée, à son grand dam, par le Haut-commissaire suivant, en 1953).

Tous ces renseignements sont tirés du livre de Charles Onana, René Maran, le premier Goncourt noir (Paris, Duboiris, 2007). Hélas, ce livre, unique biographie à ce jour de Maran, pose davantage de questions qu’il n’en résout. Sans parler des incohérences qu’il contient ! Dès la première page, par exemple, l’auteur donne successivement le 5 décembre et le 5 novembre 1887 comme la date de naissance de René Maran. Un peu plus loin, il fait mourir la mère de Maran (Marie Maran née Lagrandeur) en 1913, avant de la déclarer toujours vivante en avril de l’année d’après.

Au-delà des erreurs matérielles qui pourraient être rectifiées aisément, on déplore surtout que cette biographie s’éloigne tant des ouvrages que l’on voit paraître habituellement sous ce genre aujourd’hui. Une biographie se doit dorénavant d’être un livre qui traite en détail tous les aspects de la vie, de la personnalité et de l’environnement de la personne concernée. Cela explique pourquoi il s’agit toujours de très gros ouvrages, pouvant avoisiner, voire dépasser le millier de pages. Celui-ci, avec moins de 200 pages, dont beaucoup consacrées à de longues citations de divers écrits de Maran, est évidemment loin du compte. C’est dommage, car le cas de René Maran ouvre sur de nombreuses et passionnantes questions qui mériteraient d’être traitées à fond. Il eût été fort intéressant, pour commencer, de nous décrire la vie quotidienne des enfants de coloniaux éloignés de leurs parents pendant des années entières, le fonctionnement des établissements qui les recevaient, les programmes d’enseignement, en particulier, pour un futur homme de lettres, les programmes de français. Puisque Maran a été marqué particulièrement par son professeur de seconde, Monsieur Lambinet, on voudrait également en apprendre davantage sur ce maître, sa formation, ses auteurs de prédilection (au-delà des deux cités dans l’éloge de Maran). Après les années de lycée, il y a un trou béant dans le livre de Charles Onana : ce sont les années d’étudiant. Il n’est nulle part précisé quelles études supérieures Maran a suivies, si elles étaient en rapport avec sa future profession de fonctionnaire colonial et jusqu’où il les a menées. La vie du fonctionnaire en Afrique est à peine mieux traitée. Elle semble se réduire à une suite de corvées sans intérêt, du moins pour Maran, ce qui ne colle pas avec l’idée qu’il se faisait de la mission civilisatrice de la France. Il est vrai que la complexité de la position de Maran, qui défend les Africains sans remettre en cause la légitimité de l’entreprise coloniale, n’est pas vraiment traitée dans le livre. Certes, Onana ne cache pas la complexité de l’attitude de Maran, mais il ne va pas au-delà de ce constat et, surtout, il ne l’illustre pas suffisamment. On trouve dans son livre davantage de courriers relatifs aux démêlés de Maran avec son administration que de textes illustrant le Maran propagandiste de la colonisation, des textes qui font pourtant de Maran un personnage plus insolite et plus intéressant. Au demeurant, les raisons qui ont poussé Maran à mettre fin à sa carrière de fonctionnaire colonial demeurent mystérieuses. Sa vie en Afrique était-elle vraiment devenue impossible après la publication de Batouala, était-il considéré comme un traître pour avoir dénoncé certains abus, ou s’était-il rendu insupportable à ses chefs en refusant de se plier à leurs instructions pourtant raisonnables ? Le dossier demeure trop incomplet pour qu’on puisse se faire, là-dessus, sa propre opinion. De même, sur la période parisienne de Maran, on attendrait tant de choses qui ne sont pas dans le livre d’Onana ! C’est qu’il y aurait énormément à dire sur la vie d’un écrivain noir au cours des années 30, puis pendant la guerre et l’après-guerre, sur ses fréquentations dans les milieux intellectuels de la capitale, ses rapports avec les éditeurs comme avec les journaux (puisqu’il a écrit aussi de très nombreux d’articles sous sa signature).

Maran a participé au premier Congrès mondial des écrivains et artistes noirs qui s’est tenu à Paris en 1956. Il était également présent à Rome en 1959 lors du second congrès. On sait par ailleurs qu’il était en relation amicale avec l’écrivain noir américain Mercer Cook. On aimerait là-dessus en savoir bien davantage. Qui était Mercer Cook ? Comment s’étaient-ils connus ? Quelle opinion les deux auteurs avaient-ils de leurs œuvres respectives ? Sur ce point comme bien d’autres, le livre nous laisse entièrement sur notre faim. Les rapports entre Maran et ses jeunes collègues qui furent à l’origine du mouvement de la Négritude en France figurent parmi les autres points sur lesquels on aimerait davantage de détails. Il manque dans le livre de Charles Onana une analyse au fond de la vision de l’Africain noir qui transparaît implicitement dans l’œuvre de Maran, ce qui permettrait dans un deuxième temps de la confronter à celle des auteurs de la Négritude. (1)

La psychologie de Maran, mériterait, bien sûr, des développements conséquents. D’après le peu que nous en savons, il apparaît comme un maître du double jeu. Il se veut du côté des opprimés mais reste dans le camp des oppresseurs. Il est un colonialiste qui abhorre la figure du colonial, raciste et veule. Il se considère comme persécuté par ses chefs mais ne se sent pas tenu de leur obéir. Il se présente comme opposé au régime de Vichy mais il a travaillé pour lui au point d’être distingué par l’Académie française précisément sous Vichy.

On peut mentionner pour finir un dernier mystère non résolu dans la vie de René Maran, celui de ses rapports avec l’autre sexe. S’il se plaint de la solitude affective en Afrique, Onana lui prête de nombreux succès féminins en France, au moins jusqu’à son mariage. Il s’est marié, on l’a dit, en1927. L’épouse, Camille, resta bréhaigne, comme le prouve une lettre au couple Senghor dans laquelle elle se plaint de n’avoir pas eu d’enfant. Néanmoins les remerciements à la fin du livre nous apprennent que René Maran était, lui, le père d’une fille, Paulette, et le dossier iconographique encarté dans le livre contient une photo du mariage de cette Paulette, très blanche de peau, avec un certain Paul Michel, en 1946. René Maran est donc devenu père au moins une fois, probablement quelques années avant de se marier. Qui était la mère de Paulette ? Maran a-t-il reconnu sa fille ? Quelles relations entretenait-il avec ces deux femmes ? Autant de questions dont les réponses nous éclaireraient utilement sur la personnalité du premier Goncourt noir.

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(1) Sur ce point, cf. sur mondesfrancophones.com notre article « Crépuscule de la Négritude ».

Oeuvres principales de René Maran (http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/maran.html)

Romans

– Batouala, véritable roman nègre. Paris : Albin Michel, 1921, 1938. Avec des illustrations de Iacovleff. Paris : Éditions Mornay, 1928. Édition définitive avec “Youmba, la mangouste”: Albin Michel, 1985, 1989, 1999. Avec une présentation, notes, questions et après-texte par Josiane Grinfas : Paris : Magnard, 2002.

– Djouma, chien de brousse… Paris : Albin Michel, 1927.

– Journal sans date, roman inédit. Les Oeuvres libres (Paris) 73 (1927): 105-236.

– Le cœur serré. Paris : Albin Michel, 1931.

– L’homme qui attend, roman inédit et complet. Les Oeuvres libres (Paris) 176 (1936): 37-130.

– Un homme pareil aux autres. Paris : Éditions Arc-en-Ciel, 1947.

– Mbala, l’éléphant. Illustrations de G. Barret. Paris : Éditions Arc-en-Ciel, 1947.

– Bacouya, le cynocéphale. Paris : Albin Michel, 1953.

Essais

– Asepsie noire ! Paris : Laboratoires Martinet, 1931, 45 p. ; Paris : Jean-Michel Place, 2006, 64 p.

– Le Tchad de sable et d’or. Documentation de Pierre Deloncle. Paris : Revue française, 1931.

– Afrique Équatoriale Française : terres et races d’avenir. Illustré par Paul Jouve. Paris : L’Imprimerie de Vaugirard, 1937.

– Livingstone et l’exploration de l’Afrique. Paris : Gallimard, 1938.

– Brazza et la fondation de l’A.E.F. Paris : Gallimard, 1941.

– Les pionniers de l’empire. Paris : Albin Michel, 1943-55. Tome 1 : Jean de Béthencourt. Anselme d’Isalguier. Binot le Paulmeir de Gonneville. Jacques Cartier. Jean Parmentier. Nicolas Durand de Villegaignon. Jean Ribaut. Tome 2 : Samuel Champlain. Belain d’Esnambuc. Robert Cavelier de la Salle. Tome 3 : André Brüe. Joseph-François Dupleix. René Madec. Pigneaux de Behaine.

– Savorgnan de Brazza. Paris : Éditions du Dauphin, 1951.

– Bêtes de la brousse. Paris : Albin Michel, 1952.

– Félix Éboué, grand commis et loyal serviteur, 1885-1944. Paris : Éditions Parisiennes, 1957.

– Bertrand du Guesclin, l’épée du roi. Paris : Albin Michel, 1960.

Nouvelles

– Peines de cœur. Paris : “Univers,” 1944. (“Peines de cœur”, “L’homme qui attend”, et “Deux amis”).

– Le petit roi de Chimérie, conte. Préface de Léon Bocquet. Paris : Albin Michel, 1924, 237 p.

Poésie

– La maison du bonheur. Paris : Le Beffroi, 1909.

– La vie intérieure ; poèmes (1909-1912). Paris : Le Beffroi, 1912.

– Le livre du souvenir, poèmes, 1909-1957. Paris : Présence Africaine, 1958.

Distinctions

Membre de l’Académie Internationale de Culture française de Belgique (1953)

Prix Goncourt (1921)

Grand Prix Broquette-Gonin de l’Académie française (1942)

Grand prix de la Société des Gens de Lettres (1949)

Prix de la Mer et de l’Outre-Mer (1950)

Prix de Poésie de l’Académie française (1959)